19 Mars 2017
Un monde qui sépare
Au nom de la patrie on a tué.
Sur l’arrête qui surplombe son horrible tranchée, le soldat avait vu mille fois se lever ses amis, qui avaient perdu leur fierté d’avant la guerre, ils avaient traîné dans la boue des jours et des jours sans pouvoir lever leur triste carcasse fatiguée par le mois, ils étaient devenu résignés comme si la mort attendait derrière quelques mottes ou terreaux élevés, et quelques infimes tentatives de vie, sans espoir, sans famille, sans le travail désiré, et aussi comme une grâce sans ennemi sur leur coté.
Mais l’issu était là devant eux, bien présente aussi, qui indiquait le hasard de l’heure. Le hasard atroce qui les avaient abandonné ….
Aussi certains devenaient fous dans leur trou, comme déjà sortis de cet espace, mais pour le pire sans doute, une terre d’enfer et un ciel de folie.
L’attente rend fou, l’ennemi le sait, et c’est pourquoi celui qui génère la folie tient en lui l’espoir.
Pourtant cela ne dure qu’un temps, et la folie qui a réjoui en face se trouve être aussi à l’aise dans le camp de l’autre coté, car le Hasard est cynique, et cela personne ne l’avait prévu, plus cynique encore si l’attente était inverse, c’est pourquoi la folie a réfléchi, elle a laissé place à l’armistice.
Pendant ce temps la femme là bas se désespère, mais pas longtemps, son type qui l’avait séduit se trouve être celui que l’on ne veut plus voir revenir.
Que peut-on attendre d’un type qui a laissé croire, et qui devient victime du pire ? La femme est ainsi faite qu’elle choisit la vie.
C’est pourquoi le provocateur a perdu sa femme, elle l’a aimé un temps pour ses avantages mal acquis, qui de toute façon ne lui laissaient guère de joie. La vie reprend vite loin des tranchées et l’oubli se fait pardonner, on envoie quelques lettres formalistes aux pauvres soldats qui s’y accrochent comme à une peau, une bouée inutile dans la glaise et de plus parfaitement dégonflée.
Mais le jeu était couru d’avance, seul le Hasard sait, y compris ce que les victorieux virtuels croyaient savoir avec détermination et volonté farouche, un flop, un coup pour rien, une victoire avortée, une rigolade du diable aussi, lui ne perd jamais.
C’est pourquoi la femme a vu, elle a compris que les beaux jours viennent quand leurs fanfarons crèvent.
Sauf celles qui ont donné, qui attendent et préparent leur excuses en tremblant.
L’autre, les autres sourient, mais personne ne le voit.
b.o. Horbourg