Tapis des muses.

La laine morte dessous ma table de la salle à manger est celle de l’objet mouton doré qui m’a été donné lors d’une remise de prix de vente, au beau milieu d’une grosse pile de tapis fait main, et qui ne m’ont attiré que par leur vente avec les soldes, parût un ouvrage de classe supérieure, une maille visible par sa qualité, des couleurs riches, des motifs recherchés.
Que diable faisait là cette véritable œuvre d’art au beau milieu d’objets de pur commerce ?
Mon étonnement fut tel que je hélai l’homme de la place, qui sache me renseigner sur la qualité et aussi sur l’étiquette, car l’empilage de ces laines artisanales représente dans ces expositions des volumes considérables, qu’il faut effeuiller comme si elles étaient des pages d’un livre, alors que l’une seule représente la lourdeur suffisante pour renoncer, sachant que le nombre de cet empilage est aussi lourd qu’il est impossible au client de faire seul son marché, il faut le vendeur, pour une fois celui-ci est le bienvenu, le magasin de décoration ne pourrait pas s’en passer, question de muscle et de carrure.
A l’examen il ne s’agit pas de tapis mousse bien sûr, car la laine est lourde et la maille serrée bouclée. Lorsque le choix fut fait d’embarquer l’acquisition, il me restait à payer la valeur indiquée, et ma joie a accompagné le transport puis le placement dessous la table de la salle à manger.
C’est alors seulement que le merveilleux objet prend sa véritable valeur d’ouvrage d’art.
Assorti aux autres objets et à la décoration de la pièce, ce délicieux tapis n’a cessé de me ravir.
Il représente plus que de la beauté, aussi de l’esprit du grand chef qui l’a fabriqué ou programmé. Je me demande encore aujourd’hui, ce qui fait sa force d’un tel objet, la décoration qui montre un assemblage de symbolisme, un patchwork de frises assorties mais différentes, une jolie collection d’emblèmes.
Le tapis est comme un dictionnaire d’images, on peut flirter des heures à comprendre enfin un brin de l’autre, celui qui a ordonné les sigles, le riche gars du bout du monde qui semble plus pertinent que moi par son invention du motif renouvelé …..
Sans compter les couleurs aussi chatoyantes que si elles étaient destinées à l’amour sur le tapis, des rouges brique mêlés de crèmes et de beiges chaleureux, des noirs et des gris qui rehaussent sans salir les traits.
Mais surtout des motifs de roi, certainement un oriental de la qualité supérieure, une richesse dans l’insigne toujours renouvelée, des traits magnifiquement agencés pour ne pas se répéter ou sembler identique à un autre, du symbolisme merveilleusement moderne dans son classicisme, des compositions sur lesquelles s’attarder sans fin en méditant ………
Voilà pourquoi mon Esprit s’étale ce matin une fois de plus sur le seuil de l’Orient, le bel Orient qui traverse les airs pour embrasser la terre avec les anges d’ici.
Qu’il en reste encore, c’est ce que nous espérons.
b.o.